Que cachent les grains de pollen ?


Les grains de pollen constituent sans aucun doute les structures microscopiques parmi les plus belles de la nature.
Malgré leurs tailles infimes (généralement de 10 à 250 μm), les grains de pollen sont des conteneurs extraordinairement bien agencés pour transporter les cellules reproductrices mâles jusqu’aux cellules reproductrices femelles des deux groupes principaux de plantes : les angiospermes (plantes à fleurs) et les gymnospermes (conifères et plantes apparentées).
Grains de pollen au microscope
L’étendue de leur forme est extraordinaire ! D’ailleurs, l’observation de leur structure au microscope (parfois même fossilisée) permet aux scientifiques de reconnaître à quelles plantes ils appartenaient et ainsi reconstituer l’évolution de la flore locale depuis des temps géologiques reculés.
 
La plupart d’entre nous prenons conscience de l’existence du pollen parce qu’il provoque de désagréables réactions allergiques (rhinites allergiques, rhume des foins). Sa simple évocation provoque souvent des réactions très négatives. Or, tous les pollens ne sont pas responsables de ces désagréments. Leur observation permet de les différencier et d’ouvrir les portes du monde fantastique de la  reproduction des plantes.
Comment ces êtres enracinés et immobiles vont-ils se rencontrer et se reproduire ?
Certaines plantes sèment à tout vent. Elles abandonnent leur pollen à lui-même dans le milieu ambiant, où il est transporté passivement par le vent. On parle de pollen anémophile. Plus rarement chez les plantes aquatiques, marines ou d’eaux douces, interviennent les mouvements de l’eau : il s’agit alors de pollen hydrophile. Dans les deux cas, la possibilité d’une rencontre paraît tellement infime et hasardeuse que d’énormes quantités de pollen sont libérées. Une grande partie sera perdue dans la nature.
Pollen anémophile transporté par le vent
Chez les poacées (anciennement graminées) qui ont choisi de s’en remettre au vent, les grains de pollen sont petits (ils contiennent peu de réserves), lisses et non collants. Ils sont facilement portés loin de leurs plantes natales. Pour donner un exemple, un épi de seigle laisse s’envoler quotidiennement un million de grains de pollen ! 
Chez certains conifères comme le pin sylvestre, les grains de pollen sont plus gros et plus lourds, munis de ballonnets remplis d’air pour faciliter leur transport et aussi correctement les orienter au cœur du cône femelle à l’entrée de l’ovule.
Ces pollens anémophiles, abondants contiennent des substances chimiques particulières et sont susceptibles de pénétrer facilement les voies respiratoires de l’homme et provoquer diverses allergies parfois très gênantes, le rhume des foins ou des formes d’asthme.
Pollen de pin allergisant
Ces pollens anémophiles, abondants contiennent des substances chimiques particulières et sont susceptibles de pénétrer facilement les voies respiratoires de l’homme et provoquer diverses allergies parfois très gênantes, le rhume des foins ou des formes d’asthme.
Pour disperser leur pollen, d'autres espèces végétales  utilisent les services d'animaux : oiseaux, chauves-souris et même des mollusques ! Mais surtout des insectes (hyménoptères, diptères, lépidoptères, coléoptères...). On parle alors de pollen entomophile. Les abeilles sont les plus connues de ces visiteurs ailés qui, passant d’une fleur à l’autre, transportent le pollen.
Les grains de pollen des fleurs entomogames sont gros, collants et s’accrochent par leurs aspérités aux poils des insectes. Emplis de substances énergétiques, ils contiennent 20 % de protéines, 25 à 50 % de sucres et pour le reste des lipides, des vitamines, des antioxydants, des fibres et des minéraux.
Pollinisation par les insectes
Pollinisation par les oiseaux
Pollinisation par les papillons
Pollinisation par les abeilles
Si une grande partie du pollen est emporté par les butineuses pour être consommé, il en subsiste une quantité suffisante pour que ce transport soit bénéfique à la plante et permette sa reproduction. Elles en déposeront sans s’en rendre compte sur l’organe féminin de la fleur : le pistil, composé d’un stigmate et d’un ovaire. Si ce grain de pollen est compatible, il émet un tube pollinique qui mène les gamètes mâles jusqu’aux ovaires. Elles acheminent ainsi du pollen, issu d’individus variés, génétiquement différents, permettant ainsi le brassage génétique. L’insecte n’a "apparemment" pas conscience qu’il participe à la biodiversité en le transportant de fleur en fleur. Il ne fait que se nourrir, lui ou sa progéniture, ce qui lui permet de maintenir son espèce en vie.
Schéma d'un grain de pollen
Pourtant, voici quelques chiffres clefs qui donnent à réfléchir
On estime que les abeilles sont capables de butiner 170 000 espèces de plantes à fleurs. Un véritable record planétaire ! Près de 40 000 espèces de plantes à fleurs dépendraient exclusivement d’elles.
Au meilleur de sa forme, une abeille peut visiter jusqu’à 3 000 fleurs par jour. À l‘échelle d’une ruche, pour seulement 2 000 butineuses, cela représente 6 millions de fleurs visitées et potentiellement fécondées ! 80 % des plantes à fleurs dépendent ainsi des pollinisateurs pour la reproduction.
Les abeilles sont ainsi directement responsables de la production de 70 % des fruits, légumes, graines et noix que nous consommons quotidiennement. Leur disparition pourrait donc avoir de graves conséquences directes et immédiates sur notre quotidien. À plus long terme, c’est la biodiversité au sens large qui est menacée et donc l’avenir de l’humanité.