INTERVIEW D'ALAIN HUOT, NATUROPATHEAlain Huot est diplômé en naturopathie. Il a effectué sa formation au Collège européen de naturopathie traditionnelle holistique (Cenatho) fondé et dirigé par Daniel Kieffer. Ce cursus lui a ouvert les portes des différents domaines de la médecine naturelle. Ainsi, il s’est formé en aromathérapie, en médecine énergétique, en sophrologie, en thérapie psycho-émotionnelle puis en médecine nutritionnelle et fonctionnelle auprès du professeur Vincent Castronovo. Inlassable chercheur nourri par son expérience de clinicien et sa passion pour les thérapies naturelles, Alain Huot s’est engagé dans la transmission à travers l’animation d’ateliers, de conférences et de formations tant auprès du grand public qu’auprès des professionnels de santé. Pendant de nombreuses années, il a enseigné en école de naturopathie à Paris et Toulouse. Auteur de nombreux articles sur la médecine naturelle préventive, il encadre également des cures de jeûne depuis 2005 au sein de la structure « Hygea-La santé par la Nature » dont il est le cofondateur. Pouvez-vous nous présenter dans les grandes lignes votre ouvrage sur le jeûne qui est paru aux éditions Dangles en septembre 2019 ? La particularité de l’ouvrage que j’ai rédigé est d’offrir une vision la plus complète possible tant sur le jeûne que sur les vertus qu’il revêt dans ses différentes formes. Tous les angles sont abordés. Ainsi, que ce soit pour sa propre sa santé, ou pour les thérapeutes pour celle de leurs patients, chacune et chacun pourra, à la lumière des dernières recherches et données scientifiques, souvent méconnues en France, y trouver un intérêt. Bien sûr j’explique comment le jeûne fonctionne, à quoi ça sert, comment le pratiquer et les éventuels contre-indications.
C’est vraiment un ouvrage exhaustif qui va permettre de traiter le jeûne à la fois sur le plan physique, le plan psychologique et le plan spirituel.
L’ouvrage part de l’histoire de l’Homme. Nous sommes les héritiers de ceux qui ont réussi à s’adapter à l’impermanence de la nourriture. Même si ce programme est enfoui dans les limbes de notre ADN, nous-mêmes sommes fondamentalement adaptés pour ne pas manger en permanence. Ce que j’ai voulu mettre en lumière, c’est qu’hier les pauses alimentaires étaient des jeûnes forcés eu-égard aux périodes de disette et de guerre. Il n’y avait pas de nourriture tout le temps. Quant-aux premiers hommes, ils devaient conquérir de nouveaux territoires pour prélever leur nourriture, un peu à l’instar des animaux sauvages. Alors que nous, qui croulons sous l’abondance, pensez il y a aujourd’hui plus d’humains en surpoids et obèses que d’être dénutris, nous dégénérons à cause de de cet excès. Le problème c’est que nous sommes mieux adaptés au manque qu’à l’excès, d’où un grand nombre de maladies métaboliques, chroniques et dégénératives.
Pour notre génération et nos descendants, mon sentiment pour ne pas dire ma certitude, c’est que le jeûne devient de plus en plus un incontournable au 21ème siècle. En effet, les principaux problèmes de santé que nous rencontrons, ce sont des problèmes d’excès de calories et de poisons et paradoxalement de manque de nutriments essentiels. Je m’explique, d’un côté nous avons l’accumulation de déchets que le corps fabrique (les toxines), les toxiques (les polluants alimentaires et environnementaux) et de l’autre les carences micronutritionnelles. Ces déficiences sont dues à une nourriture industrielle et des sols appauvris entrainant un manque de micronutriments (vitamines, minéraux, enzymes, fibres…) ainsi que des problèmes de plus en plus fréquents que sont les troubles d’absorption de ceux -ci. La raison principale : la présence des très nombreux poisons qui nous empêchent d’absorber de façon correcte certains micronutriments pourtant essentiels au bon fonctionnement de nos cellules.
« C’est là où les supers aliments comme le pollen frais, son chef de file, entrent en jeu. » Parce que nous avons, dans notre assiette, de plus en plus ce que les nutritionnistes appellent des calories vides, nous sommes contraints de faire le plein de micronutriments avec les superaliments.
Le livre a pour objet d’expliquer également de nombreuses autres vertus que la simple détox. Les Anciens, les Sages, comme toutes les traditions spirituelles et religieuses ont toujours utilisé le jeûne pour des notions de purification du corps mais également du plan psycho-émotionnel, ceci pour pouvoir accéder à la sagesse et à la transcendance.
Enfin, j’ai souhaité souligner avec force, que le jeûne devient un incontournable au 21ème siècle pour pouvoir armer ses propres capacités d’auto guérison et activer les voies auto curatives.
Une pratique régulière du jeûne est la meilleure médecine auto curative pour lutter contre les maladies chroniques évolutives, ou maladies dites de civilisation, comme l’arthrose, le diabète de type II, mais également la fatigue chronique, ainsi que toutes les maladies neuro dégénératives qui sont en train d’exploser. Sans parler des cancers et des maladies cardiovasculaires pour lesquelles le jeûne est un puissant outil préventif.
Nous avons à notre disposition de merveilleuses capacités, Hippocrate parlait du médecin intérieur, que nous n’utilisons plus. Tout repose sur des solutions extérieures alors que nous abritons des solutions des plus performantes. Le jeûne ouvre de nouveau la voie vers ces capacités, quand le manger trop, trop souvent, les ferment. Retenez que notre biologie n’est initialement pas programmée pour manger en permanence. Par rapport au jeûne qui est un sujet très actuel, on entend des conseils très différents sur sa durée, sa fréquence. C’est très difficile de s’y retrouver. Est-ce qu’il y a besoin d’un entretien, de conseil personnalisé ou est-ce que vous auriez des conseils simples à donner pour choisir la méthode qui nous convient ? Évidemment, un entretien avec un professionnel de santé spécialisé dans la physiologie du jeûne apportera toujours un plus. Ainsi, il sera possible de faire du sur-mesure et d’aborder les quelques contre-indications à la pratique de certains jeûnes. Les personnes sous traitements médicamenteux doivent également avoir un avis auprès de leur médecin.
Mais tout le monde ne fera pas forcement cette démarche. Un des buts du livre est de parler non pas du jeûne mais des différentes formes de jeûne. Il y a tout un chapitre qui permet de personnaliser sa pratique ceci à la lumière de ses objectifs ou de ses éventuelles particularités. Êtes-vous en surpoids ? Avez-vous dépassé un certain âge ? Êtes-vous un sportif de haut niveau et vous ne voulez pas perdre vos muscles ? Au-delà de l’aspect philosophique, historique et scientifique, l’ouvrage se veut également être un guide du primo jeûneur, du futur jeûneur qui n’a pas trop d’expérience et qui est un peu perdu dans les méandres des différents blogs. Disons que c’est un véritable guide pratique pour la personne qui voudrait faire un jeûne chez soi.
Il y a plusieurs types de jeûne, plusieurs durées de jeûne et chaque durée et chaque façon de jeûner revêt ses particularités. Je suis plutôt adepte d’y aller doucement lorsque l’on fait cela tout seul chez soi.
Commencez par un jeûne séquentiel : au lieu de manger matin, midi et soir, faîtes une petite pause, une à 2 fois par semaine, où vous expérimentez le jeûne nommé 16 / 24. Vous restez 16 heures sans manger et la partie où vous mangez vous la réalisez sur les 8 heures restantes. Vous faîtes 2 repas, ou bien 2 repas et une collation sur 8 heures et vous verrez que rester sans manger 16 heures plutôt que 12 heures ça modifie un certain nombre de choses. Ensuite, lorsque vous voudrez aller plus loin, vous aurez de nombreuses pistes et possibilités car j’explique quel jeûne amène quels bénéfices. J’ai également réalisé un tableau de synthèse pour cet usage.
La pause détox permet au corps d’éliminer un maximum de ses déchets, toxines et poisons. Elle offre des opportunités sans commune mesure pour réparer certaines fonctions, pour rétablir nombre de voies métaboliques, pour moduler l’inflammation, améliorer la signalisation de certains récepteurs cellulaires très précieux comme ceux de l’insuline (en souffrance chez grand nombre d’entre nous), ceux de la leptine pour la signalisation de la satiété.
Après cet immense travail de « reset » il est temps de remanger, à ce moment-là il est temps d’intégrer les supers aliments dans la phase de reprise puis en post jeûne. Justement au niveau de ces conseils nutritionnels, vous avez accordé une large place aux pollens frais. Dans le déroulement du jeûne quand est-ce que vous conseillez la consommation de ces supers aliments ? Sur des pauses alimentaires de 3 jours et plus, nous sommes dans un espace de nettoyage ayant une double fonction : détoxination (on se libère des toxines et des poisons) et réparation. Le corps se répare et ensuite nous lui amenons des bons carburants. Sur sept jours c’est encore mieux. D’après moi, ce n’est pas la peine d’aller au-delà. Après les jeûnes plus longs ce sont des jeûnes thérapeutiques avec des objectifs particuliers souvent avec un suivi médical.
Ce qu’il faut savoir c’est qu’il y a un point commun entre le jeûne et le sport, c’est qu’une fois que l’on a fait une activité assez longue de type endurance course à pied, vélo, cardio training et en jeûne, le corps a surconsommé une bonne partie de ses réserves micronutritionnelles. Aussi, la première chose qu’il va faire c’est de reconstituer ses stocks. Ainsi la phase post jeûne est un moment privilégier qui s’offre à nous pour faire le plein avec les superaliments.
Nous avons dans le jargon nutritionniste une voie d’optimisation au niveau de l’absorption. Ce qui veut dire une absorption optimisée pour les micro nutriments et les acides aminés qualitatifs. Connaissant cela, dans la phase de reprise, après une ou deux journées de végétaux cuits, les légumes en priorité, je vais offrir la possibilité à mon corps d’absorber de façon optimale tous les micronutriments. Le pollen est pour moi dans la nature l’aliment le plus riche en micronutriments. Ce n’est pas le seul mais je l’ai mis en position n°1. Pourquoi ? Parce d’abord il contient des fibres, c’est très bien en terme de prébiotique pour réensemencer la flore intestinale qui s’appauvrit physiologiquement pendant le jeûne. II n’y a rien de pathologique à cela, c’est normal. Quand on redonne des fibres, on redonne des casse-croûtes au microbiote. Ensuite le pollen frais contient tous les groupes des vitamines notamment les plus importantes. Il est riche en minéraux ainsi qu’en précieuses enzymes. Et là c’est très important, car grâce aux enzymes contenus dans le pollen nous allons relancer la machine.
Eu égard aux sucres contenus dans le pollen frais, même s’ils sont qualitatifs, comme grand nombre de personnes souffrent d’addiction au sucre dans le régime occidental, je conseille au début d’y aller doucement. Je propose une cuillère à café à partir du 2ème /3ème jour jours après le jeûne, puis d’augmenter progressivement. Je ne donne pas un guide stricto sensu car il faut également être à l’écoute de son corps.
S’il n’y a pas d’addictions particulières aux sucres, ou si les personnes souhaitent reprendre une activité physique assez rapidement, il est possible de démarrer par une cuillerée à soupe. Schématiquement, c’est une cuillère à soupe par jour la première semaine, puis la possibilité d’augmenter progressivement, deux pour la seconde semaine, voire trois la troisième s’il y a beaucoup de carences micronutritionnelles ou encore lorsque les besoins de se revitaliser sont importants. Idem pour les personnes qui nécessitent de reconstituer de la masse musculaire. En effet il y a une grande richesse en acides aminés biodisponibles dans le pollen frais, aussi dans ce cas 3 cuillerées à soupe dès la 3ème semaine est justifié.
Je reste conforme aux anciens naturopathes tel que Paul-Valentin Marchesseau, un des pères sinon le père de la naturopathie en France, qui disait qu’après la détox il faut revitaliser !
J’ai fait le choix du Nutripollen, par rapport à la gamme proposée par Pollenergie, c’est le complexe qui me paraît le plus complet. Il y a à la fois la richesse en lactoferments, en protéines, en vitamine C. Lorsqu’il y a des spécificités, je peux orienter la personne sur d’autres pollens mais 90% des cas c’est NUTRIPOLLEN.
Au niveau de la biodisponibilité, je conseille l’association avec des fruits ou une compote lors d’une collation. Pour les personnes qui mettre en place le jeune séquentiel en supprimant le petit déjeuner, le pollen sera pris au cours d’une collation l’après-midi. Votre expérience d’encadrant de cures de jeûne a largement nourri votre ouvrage. Les personnes que vous recevez, quelles sont leurs attentes ? Est-ce qu’il y a un profil type ou bien une multitude d’attentes en termes de santé ? Pour répondre à votre question, avant de prendre des inscriptions, nous faisons remplir un questionnaire médical indispensable eu égard les possibles contre-indications. En effet s’il y a énormément d’indications à la pratique du jeûne, il existe aussi quelques contre-indications. Je dois également vérifier si un avis médical est nécessaire eu égard à la prise de médicaments par exemple. Ce questionnaire interroge le futur jeûneur sur ses motivations et attentes et l’’aide à se préparer intérieurement et psychologiquement. Souvent la majorité des gens viennent parce qu’ils sentent l’appel, ils sentent que leur corps leur demande, ça peut s’exprimer à travers le surpoids mais ce n’est pas la majorité des demandes, c’est surtout parce que les gens se sentent encrassés. Nous avons accueilli des jeûneurs de 20 ans jusqu’à 84 ans, avec une majorité de femmes et cela s’explique naturellement parce que la femme par sa constitution psychologique et peut-être aussi biologique est plus à l’écoute de son corps pour pouvoir transmettre la vie. Je pense qu’il y a une sensibilité plus importante.
La deuxième raison pour laquelle les personnes ont envie de pratique un jeûne c’est parce qu’ils sentent qu’il faut faire une rupture avec leur quotidien. C’est une excellente raison car un jeûne loin de chez soi et de ses contingences habituelles est extrêmement intéressant sur le psychisme. Les participants se libèrent du stress accumulé lorsqu’ils fonctionnent « nez dans le guidon ».
Le jeûne a naturellement des vertus anti-stress. Il régule beaucoup de voies métaboliques au niveau de la chimie du cerveau et c’est intéressant de le savoir. Cela s’explique car notre capacité à nous adapter au jeûne pour pouvoir vivre sans manger ne devait pas altérer nos performances physiques et psychiques afin de pouvoir continuer à prélever la nourriture dans la nature. Aussi une grande révélation très surprenante pour les primo jeûneurs est que le cerveau fonctionne mieux en période de jeûne (à ne pas confondre avec l’hypoglycémie) que lorsque l’on mange trop.
L’excès de nourriture ne fait pas qu’alourdir le corps il altère nos fonctions psychiques, intuitives, subtiles et spirituelles. Je le vérifie régulièrement : les personnes voient la vie d’un autre point de vue en jeûne. Parce que mon corps le demande, parce que j’ai besoin de me nettoyer mais aussi j’ai besoin de me nettoyer, j’ai besoin de faire une pause.
Enfin d’autres viennent pour des raisons de santé en lien avec des problèmes chroniques comme la fatigue, comme l’arthrose, comme des douleurs inflammatoires … Il y a des indications et celles-ci sont précisées dans mon livre, j’aborde toutes les fonctions du jeûne qui sont extrêmement nombreuses.
Notre promesse c’est de dire quand vous repartirez vous serez différents, vous repartirez avec un savoir-faire, nous sommes attachés à offrir du transfert de compétences. Juste une dernière question, on parle beaucoup de l’intérêt de pratiquer le jeûne dans les chimiothérapies, est-ce que vous en parlez dans votre ouvrage ? Oui je l’aborde. En France nous sommes frileux et pourtant nous avons des preuves et des études qui soulignent l’intérêt d’une telle pratique. Tous les patients ne peuvent pas jeûner pendant une chimio mais lorsque cela est possible l’intérêt est énorme car 90 à 95% des effets secondaires sont améliorés voire inexistants grâce à 2 jours avant le jour de la chimiothérapie plus le jour même. Mais là où la pratique du jeûne excelle et c’est également mon crédo, c’est dans sa capacité à prévenir les maladies cancéreuses. Mieux vaut prévenir que guérir sera le mot de la fin. |